
7 % : c’est la part des cosmétiques contenant des ingrédients issus du poisson, selon une enquête récente menée sur une sélection de produits labellisés bio. Voilà un chiffre qui bouscule les certitudes, car qui imaginerait de prime abord retrouver de la morue dans son mascara, ou du collagène marin dans son fond de teint ?
Maquillage bio : une promesse de naturalité, mais qu’en est-il vraiment ?
Le maquillage bio s’affiche en vitrine avec la promesse d’un retour au naturel, d’une composition limpide et d’une transparence sans faille. Pourtant, quand on se penche sur la liste des ingrédients cosmétiques, la réalité se teinte de nuances. Les étiquettes arborent des noms latins, des appellations INCI qui évoquent davantage un laboratoire qu’un jardin botanique. Pour qui cherche à éliminer toute origine animale, chaque achat se transforme en petite enquête.
Certains labels bio, qu’ils soient français ou européens, autorisent, sous conditions strictes, des substances animales transformées : la cire d’abeille ou la lanoline, bien sûr, mais aussi le collagène ou le squalène, parfois extraits de poissons. Rien d’illégal ici : tout dépend des seuils, du procédé d’extraction et de chaque formulation. La mention « collagène marin » passe inaperçue, sans odeur ni couleur, dissimulée sous une terminologie scientifique.
Dans ce contexte, les consommateurs les plus attentifs scrutent les bases de données INCI, comparent les labels bio, et guettent la moindre ambiguïté dans la provenance des ingrédients. La naturalité affichée séduit, mais elle se mérite : un rouge à lèvres peut contenir des sous-produits marins, un fard à paupières héberger des extraits protéiques animaux. Pour s’y retrouver, il faut savoir décoder les subtilités des appellations INCI et ne pas hésiter à interroger la marque sur l’origine réelle de ses composants.
Des ingrédients d’origine animale insoupçonnés dans les cosmétiques
La composition des cosmétiques réserve bien des surprises. L’industrie ne manque pas d’imagination pour transformer des matières animales en ingrédients cosmétiques à la dénomination savante, qui passent souvent sous le radar du grand public.
Pour permettre d’y voir plus clair, voici quelques exemples courants d’ingrédients d’origine animale que l’on retrouve fréquemment dans les produits cosmétiques :
- Lanoline : issue de la laine de mouton, elle entre dans la composition de nombreux baumes à lèvres et crèmes nourrissantes.
- Cire d’abeille (cera alba) : précieuse pour donner du corps aux rouges à lèvres, elle reste difficile à remplacer dans certaines recettes.
- Carmine (E120, cochenille) : pigment rouge intense, obtenu à partir d’insectes broyés, incontournable dans de nombreux fards à joues et blushs.
- Collagène : parfois extrait de peaux ou d’arêtes de poissons, utilisé pour ses propriétés repulpantes dans des soins anti-âge.
- Squalène : longtemps obtenu à partir du foie de requin, il existe désormais des alternatives végétales, mais la prudence reste conseillée.
La présence d’ingrédients d’origine animale dans un produit cosmétique ne dépend ni de son prix, ni de la réputation de la marque, ni même du label affiché. Certains labels bio acceptent ces substances, à condition qu’elles soient collectées dans le respect de la vie animale. Les rayons regorgent donc de produits « naturels » qui cachent parfois, derrière leur formulation, une provenance animale difficile à repérer. Lire attentivement la liste INCI, analyser les appellations et exiger de la transparence deviennent alors des réflexes indispensables.
Le poisson dans le maquillage bio : mythe ou réalité ?
Le poisson, en tant qu’ingrédient de cosmétiques bio, intrigue et questionne. Rares sont les étiquettes qui l’affichent clairement, pourtant il se glisse parfois dans la composition sous des formes inattendues. Le cas du squalène est emblématique : longtemps prélevé sur le foie de requin, il se décline désormais en version végétale, extraite de l’olive ou de la canne à sucre, dans la majorité des cosmétiques bio. Problème, l’appellation INCI n’indique pas la source ; « squalane » ou « squalène » ne dévoilent rien sur leur origine. Pour lever le doute, seul le fabricant peut apporter une réponse claire.
Le collagène pose également question : traditionnellement tiré de la peau ou des arêtes de poisson dans l’industrie conventionnelle, il est de plus en plus souvent remplacé par des alternatives végétales dans le maquillage bio. Quant aux huiles de poisson, elles ont quasiment disparu des produits cosmétiques labellisés bio ; leur présence reste très marginale, peu compatible avec les cahiers des charges les plus exigeants. Les écailles de poisson ? Leur réputation persiste, mais leur utilisation appartient presque au passé, reléguée à quelques formulations anciennes.
Pour mieux distinguer le vrai du faux, ce tableau synthétise les principaux ingrédients d’origine marine et leur présence potentielle dans le maquillage bio :
| Ingrédient | Origine potentielle | Présence en bio |
|---|---|---|
| Squalène/Squalane | Poisson ou végétale | Majoritairement végétale |
| Collagène | Poisson, bovin ou végétale | Très rare, alternatives végétales privilégiées |
| Écailles de poisson | Poisson | Pratiquement absentes |
La vigilance reste de mise : la liste INCI donne des indices, mais seule une démarche de transparence absolue de la part des marques permet d’écarter tout ingrédient d’origine animale dans un produit cosmétique bio.
Comment choisir un maquillage vraiment respectueux de vos convictions ?
Opter pour un cosmétique vegan relève du parcours éclairé. Les mentions vegan et cruelty free fleurissent sur les emballages, mais leur portée varie selon les organismes certificateurs. Un produit cosmétique vegan exclut tout ingrédient d’origine animale : ni poisson, ni cire d’abeille, ni carmin, ni lanoline à l’horizon. Un produit cruelty free garantit qu’aucun test n’a été réalisé sur les animaux. Deux notions proches, mais indépendantes.
Pour naviguer parmi ces labels, il faut décoder l’appellation INCI. Les noms latins peuvent masquer une origine animale : squalane, collagène, kératine. Face au doute, interrogez la marque sur la provenance exacte. Certains labels (comme Vegan Society, Cosmébio, ECOCERT, Leaping Bunny) offrent des garanties supplémentaires, mais tous ne cumulent pas l’exclusion des ingrédients animaux et l’absence totale de tests sur animaux.
Voici quelques repères pour guider un choix éclairé :
- Privilégiez les produits qui affichent à la fois les labels vegan et cruelty free.
- Vérifiez la traçabilité des ingrédients directement sur le site du fabricant.
- Misez sur le made in France ou européen : la réglementation interdit les tests animaux sur les cosmétiques finis, mais reste imprécise concernant certains ingrédients importés.
Un rouge à lèvres vegan, un vernis à ongles ou un fard à paupières irréprochable doit afficher une transparence totale. Les marques engagées publient la liste complète des ingrédients, détaillent leur origine et rendent publique leur politique face aux tests. À ce niveau, la confiance n’est plus une promesse marketing : elle devient une posture assumée, visible et vérifiable.
Quand on regarde d’un peu plus près la composition de ses cosmétiques, difficile désormais de se contenter d’un simple label. Le vrai luxe, c’est de savoir exactement ce que l’on applique sur sa peau, et d’être en phase, sans concession, avec ses propres valeurs.





























